• L'insuffisance rénale

    Définition : l’insuffisance rénale correspond à la dégradation de la fonction rénale. Elle peut être aigüe ou chronique.

     

    Les 3 fonctions du rein sont :

    • Maintien de l’équilibre hydro-électrolytique et rôle décisif dans le maintien de la pression artérielle
    • Epuration et régulation du milieu intérieur
    • Glande endocrine : fabrication de la rénine (rôle essentiel dans la régulation de la TA) ; sécrétion de l’érythropoïétine (stimulation de la fabrication des globules rouges dans la moelle osseuse)

     

     

    IRA

    IRC

    Définitions

    Altération rapide, en quelques heures à quelques jours, de la fonction rénale :

    ↗ de la créatininémie de plus de 50 %

    ou ↘ de la clairance de la créatinine de 50 %, ou nécessité d’une épuration extra-rénale. 

    Réduction permanente et irréversible de la fonction rénale qui se traduit par une ↘ progressive du débit de filtration glomérulaire (DFG) au-dessous de 60 ml/min.

    Types

    D’IR

    IRA fonctionnelle  (pré-rénale): conséquence d’une ↘ de la perfusion rénale (déshydratation, état de choc, syndrome néphrotique, syndromes œdémateux,  IC, diurétiques, IEC, AINS)

     

    IRA organique (rénale) : secondaire à une lésion touchant le parenchyme rénal (nécroses tubulaires ou interstitielles aigües, toxiques ou ischémiques)

    ·         Nécrose tubulaire aigüe : destruction des cellules tubulaires qui entraine une obstruction de la lumière tubulaire (due à une hypoxie ou à une toxicité médicamenteuse – iode,  AINS, incompatibilité médicamenteuse)

    ·         Néphropathie tubulo-interstitielle aigüe : mécanisme immuno-allergique (due à une toxicité médicamenteuse –AINS, ATB- ou à une septicémie) + éruptions cutanées, fièvre, lombalgies

    ·         Néphropathie vasculaire : infarctus rénaux sur thrombose des artères rénales ou embols d’origine cardiaque

     

    IRA obstructive (post-rénale) : due à un obstacle sur les voies urinaires (calculs, thrombose, abcès, néoplasie : prostate ou col utérin)

    ·         Glomérulopathie diabétique 

     

    ·         Glomérulopathie à dépôts mesangiaux d’IgA ou maladie de Berger

     

    ·         Néphropathies vasculaires

     

    ·         Néphropathie héréditaire : polykystose hépatorénale autosomique dominante (PKR)

     

    ·         Néphropathies tubulo-interstitielles chroniques

     

    ·         Glomérulonéphrite rapidement progressive

    Mécanismes physio

    pathologiques

    ·         Mécanismes variés entrainant une ↘ brutale de la filtration glomérulaire associée ou non à une oligurie (diurèse < 500 ml/24h ou 20 ml/h) ou une anurie (diurèse < 100 ml/24h).

     

    ·         L’↗ rapide de l’urée et de la créatinine plasmatique est secondaire à l’accumulation des déchets azotés dans l’organisme.

     

    ·         Perte fonctionnelle des néphrons entrainant une ↘ de la filtration glomérulaire.

     

    ·         Le rein ne peut plus assurer sa fonction excrétrice (épuration du sang et équilibre hydro-électrolytique) et sa fonction endocrine (sécrétion de la rénine, érythropoïétine et la synthèse de la vitamine D)

    Signes cliniques

    Si DFG > 30 % : HTA + surcharge hydrosodée (œdème des MI, œdème pulmonaire)

    Si DFG entre 10 et 30 % : Idem + asthénie + dyspnée à l’effort en rapport avec l’anémie

    Si DFG < 10 % : syndrome urémique (manque d’appétit, nausées, vomissements)

    + ↘ de l’agrégation plaquettaire

    + accélération de la glomérulosclérose

    + anémie

    = rétention de déchets azotés dans le sang

    Signes cliniques classiques : nycturie, crampes, prurit urémique, coma urémique

    Examens complémentaires

    Clairance à la créatinine : [norme : 95-135 mmol/L]

    Correspond au rapport entre le débit urinaire de la créatinine et sa concentration dans le sang. La créatinine étant éliminée uniquement par filtration rénale, la mesure de sa clairance permet d’évaluer la vitesse de filtration des reins et de diagnostiquer l’insuffisance.

    Ionogramme sanguin :

    ·         Urée plasmatique : [norme : 0,10 – 0,55 g/L ou 2,8 – 7,6 µmol/L] l’urée est une forme d’élimination des déchets azotés ; son ↗ dans le sang et sa ↘ dans les urines sont un signe d’insuffisance rénale. 

    ·         Créatinine : [norme : 5-12 mg/L ou 53-97 µmol/L] la créatinine est un produit de dégradation de la créatine, elle est ensuite filtrée puis éliminée par le rein. Son ↗ dans le sang et sa ↘ dans les urines sont évocateurs d’une insuffisance rénale.

    Numération formule sanguine (NFS) :

    Mesure des éléments figurés du sang et diagnostic d’une anémie (due à la de sécrétion d’érythropoïétine lors d’une insuffisance rénale)

    Estimation du débit de filtration glomérulaire :

    Etabli soit à partir du recueil des urines sur 24h soit à partir de formules mathématiques, il permet d’évaluer la fonction rénale.

    Traitements

    Principe : Ralentir la progression de la néphropathie et au mieux de la stabiliser

    Moyens :

    ·         Régime pauvre en protéines (0.7 à 1 g/kg/j) àrisque de dénutrition (personne âgée)

    ·         Abaisser la protéinurie au maximum (< 0.5 g/j) = IEC ou ara2 ++

    ·         Traiter au mieux la néphropathie initiale si possible

    TTT préventif des épisodes d’IRA :

    ·         Eviter les médicaments néphrotoxiques (aminosides, AINS)

    ·         Perfuser du sérum salé isotonique avant un examen avec injection de produits de contraste iodé

    ·         Adapter la posologie des médicaments à élimination rénale à la fonction rénale estimée par la formule de Cockcroft

    ·         Dire au patients sous IEC, ara2, diurétiques, AINS de stopper leur traitement en cas de déshydratation extracellulaire (gastro-entérite +++) sinon risque d’IRA

    TTT symptomatique :

    ·         Rétention hydrosodée : régime sans sel, diurétiques (Lasilix à fortes doses)

    ·         Hyperkaliémie : régime sans K+ (chocolats, bananes, fruits et légumes frais), Kayexalate®

    ·         Hyperphosphorémie et hypocalcémie :

    o   Régime pauvre en phosphore

    o   Chélateurs du phosphore (sevelamer = rénagel, fosrénol, sels de calcium)

    o   Apport de calcium

    o   Vitamine D native +/- active

    o   Freinateur de la PTH (Mimpara)

    ·         Acidose métabolique : bicarbonate de sodium

    ·         Anémie : injections SC ou IV d’EPO 2/semaine à 1 fois /mois

    ·         Traitement de l’HTA (antihypertenseurs) et contrôle drastique de la PA < 130/80 mmHg

    Régime alimentaire:

    ·         Réduction de l’apport en protéines pour ralentir l’accumulation de déchets dans le sang et limiter les nausées et les vomissements.

    ·         Réduction des apports en sodium en potassium, en phosphore ainsi qu’en lipides.

    ·         Réduction de la consommation de liquides après le stade de la dialyse

    Dialyse : cf. ci-dessous

    Principe de l'hémodialyse et voies d'abord utilisées

    La dialyse consiste à mettre en contact le sang avec un liquide stérile (dialysat) dont la composition est proche de celle du plasma au travers d'une membrane qui sert de filtre. En hémodialyse ce processus se passe à l'extérieur du corps et la membrane est artificielle.

    Voies utilisées : Création chirurgicale d'une fistule artérioveineuse sur l'avant-bras ou sur le haut du bras non dominant. De ce fait, son calibre augmente, sa paroi s’épaissit et elle devient visible sous la peau. Ce qui facilite la ponction et le pompage d’une quantité de sang suffisante.

     

    Principe de la dialyse péritonéale

    Introduction d'un cathéter dans le péritoine (cul de sac de Douglas) relié à une poche remplie de 1,5 à 2,5 litres de liquide (dialysat) contenant des électrolytes et des acides aminés. Le liquide vient remplir la cavité péritonéale. Les échanges (élimination des déchets et du surplus d'eau) se font pendant une stase de 3 à 4 heures puis on fixe une nouvelle poche sur le cathéter. Placée en déclive, elle va drainer le liquide et l'évacuer de la cavité péritonéale.

    L'opération doit être réalisée 3-4 fois par jour.

    ETP : peut être mis en place pour que le patient réalise ses échanges lui-même.

    Δ Distinction entre la dialyse péritonéale continue ambulatoire qui doit être réalisée toutes les six heures, de la dialyse péritonéale automatisée qui se fait une fois par jour, la nuit.

     

    Lien entre le diabète et l'insuffisance rénale:

    → Pathologie : La néphropathie diabétique ou glomérulopathie diabétique

    • Diabète à long terme = altération de la paroi des glomérules jouant un rôle dans la filtration du sang
    • Marqueur biologique: micro-albuminurie
    • Signes cliniques: HTA + œdème des membres inférieurs
    • TTT : principalement préventif
    • Vérification régulière de l'urine, du sang et de la TA
    • Contrôles glycémiques
    • Arrêt du tabagisme
    • Exercice physique régulier

     

    Urgences thérapeutiques

    ⇒ Recherche et appréciation des signes de gravité de l’IRA et mise en condition du patient pour une éventuelle séance de dialyse

    La kaliémie

    L’œdème pulmonaire

    ·         Retentissement cardiaque fonction du niveau, du caractère aigu ou chronique (BAV (bloc auriculo-ventriculaire) 3 ou troubles du rythme ventriculaires : TV ou FV)

    ·         Prise des constantes : FC (bradycardie < 40 +++, troubles du rythme), PA : nécessite un ECG

    ·         Pose d’une VVP : injection de drogues permettant

    o   D’antagoniser les effets cardiaques

    = Gluconate de calcium

    o   De faire baisser la kaliémie

    = Bicarbonate à 84 ‰, association G 30% (et insuline) = solutions d’attente

    ·         Préparer à la dialyse : préparer la zone de ponction (fémorale, jugulaire ou sous-clavière) : plaquettes, hémostase

    ·         Tableau d’insuffisance cardiaque lié à la diminution de l’excrétion hydrosodée

    ·         Traitement par Furosémide à très fortes doses IV (250 à 1500 mg/24h)

    ·         Hémodialyse avec déplétion volémique (jusqu’à 4L en 4h) = seul traitement efficace rapidement

    Risque de troubles hémodynamiques

    ·         Apprécier cliniquement la dyspnée : nécessite une mesure de la paO2 (oxymétrie au doigt), gazométrie artérielle puis mise sous oxygène (lunettes ou masque) et RP

    ·         Préparer à l’hémodialyse : préparer la zone de ponction (fémorale, jugulaire ou sous-clavière)

     

    + Vomissements ou anorexie majeure