• Les TOC : Troubles Obsessionnels Compulsifs

    • L'obsession

     

    C’est :

    • Une pensée qui va exprimer la crainte d’un danger
    • Une pensée pénible, jamais agréable
    • Pensée consciente et automatique qui s’impose spontanément à l’esprit dont le sens est directement compréhensible sans interprétation nécessaire
    • A un thème qui lui donne un sens, et qui n’est jamais complètement faux (perçu dans l’environnement de la personne)
    • Une préoccupation relation à un événement dangereux dont il vaut mieux se protéger car l’on pourrait le provoquer soi-même si l’on y fait pas attention

     

    Thèmes d’obsession:

     Le thème de l’obsession est constant et reste le même pendant des mois ou des années. C’est une pensée qui « flotte » sans disparaître ; elle n’est pas liée à un événement particulier de la vie.

    Il existe 4 principaux thèmes d’obsessions :

    • Saleté : obsessions de propreté ou de souillure
    • Erreur : obsession d’oubli ou de désordre
    • Malheur : superpositions obsédantes ou religieuses
    • Agressivité : pensées obsédantes d’agression d’autrui

     


     

    • Compulsion

     

    C’est :

    • L’accomplissement forcé d’un rituel pour tenter d’apaiser l’anxiété liée à la survenue de l’obsession et in fine de chasser l’obsession
    • Un acte que la personne se sent obligée d’accomplir
    • Un rituel qui n’est pas inventé par hasard : en lien direct avec les obsessions, obéissant à une certaine « logique » qui rassure la personne
    • Très souvent des actes stéréotypés répétitifs et enchainés avec méthode

     

    Les personnes souffrant de TOC parlent généralement de leurs « gestes » pour dénommer ces rituels

    Elles vivent avec la honte et la culpabilité de l’absurdité de leurs « gestes » et se reprochent cette « faiblesse »

    Ces compulsions sont très souvent dissimulées au maximum

    Les compulsions entrainent une perte considérable de temps dans la journée, fréquemment motif de consultation

     


     

    • Les types de rituels

     

    Il existe 3 principaux types de rituels :

    -Les rituels de lavage

    • Dans les obsessions de saleté principalement
    • Degré de propreté ≠ selon les lieux
    • Plus les lieux sont anonymes, plus ils sont considérés comme sales

    -Les rituels mentaux

    • Dans les obsessions de malheur et les obsessions d’agressivité
    • Phrases, chiffres « magiques »
    • Très longtemps dissimulé à l’entourage car intérieurs

    -Les rituels de vérification et de perfection

    • Dans les obsessions d’erreurs

     


     

    • Anxiété

     

    ⇒Elle est toujours associée aux obsessions

     

    L’anxiété :

    • Est lancinante, pénible mais rarement paralysante
    • Peut durer quelques minutes à plusieurs heures (le + souvent une bonne partie de la journée)
    • Retentit sur l’humeur et le moral de la personne
    • Provoque une baisse de moral voire des moments de désespoir
    • Le plus souvent calmée et contrôlée par les rituels et les évitements (mais toujours transitoirement)

     


     

    • Evitements

     

    Dans certaines situations, la souffrance est parfois telle que le sujet atteint de TOC préfère « éviter » la situation qui déclenche les obsessions

     

    C’est :

    • Un moyen efficace de lutter contre les rituels, mais perturbe considérablement l’organisation classique du quotidien
    • Très important dans les obsessions de saleté, d’agressivité ou de malheur
    • Plus rare dans les obsessions d’erreurs
    • Certains peuvent être subtils et discrets

     

    • Évaluation

     

    La gêne occasionnée par le TOC peut être évaluée par :

    -L’auto-questionnaire de Yale Brown (Y-BOC) : permet d’évaluer sur la période actuelle et de suivre, en répétant la mesure, l’évaluation du  TOC au fil du temps

    -L’échelle de Marks : elle permet de repérer concrètement et avec précision les activités de la vie quotidienne dans lesquelles le sujet est gêné. Par ailleurs, elle repère et mesure les évitements

     


     

    • Epidémiologie

     

    • Maladie psychiatrique touchant 2 à 3 % de la population adulte et 2 à 3 % de la population des enfants et adolescents
    • Début avant l’âge de 25 ans dans 65 % des cas, 30 % dès l’enfance, en moyenne à l’âge de 12 ans, après 35 ans dans 15 % des cas
    • Autant d’homme que de femme
    • Plus de rituels de lavage et d’obsessions agressives chez les femmes
    • Plus de rituels de vérification chez les hommes
    • 50 % des personnes atteintes de TOC font une dépression consécutive au TOC
    • Association au syndrome de Gilles de la Tourette dans 7 % des cas
    • Guérison dans 10 à 30 % des cas
    • Résistance au TTT dans 25 % des cas (1/4)

     


     

    • Syndrome de Gilles de la Tourette

     

    Maladie rare (0,4 %) débutant dans l’enfance/adolescence et consistant en des tics (mouvements dû à la contraction soudaine, rapide, incontrôlée et répétée d’un ou plusieurs muscles ; sans pensée ni anxiété qui précèdent le TIC) à Associé dans 30 % des cas aux TOCs

    Les TICs moteurs sont associés à des TICs vocaux : claquement de langue, grognements, aboiements, reniflements, toussotements, ou éructation d’un mot (le plus souvent grossier)


     

    • Physiopathologie

     

    • Théorie neurochimique
      • Dérèglement de la sérotonine : efficacité des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, médicaments qui augmentent la quantité de sérotonine dans la synapse
    • Théorie génétique
      • Correspondance de la maladie pour 60 % des jumeaux monozygotes
      • Risque de transmission multiplié par 5 pour les apparentés du 1er degré par rapport à la population générale
    • Théorie neuro-anatomique
      • Implication des zones du cerveau particulièrement riches en sérotonine : noyau caudé, cortex cortico-frontal, cortex cingulaire à circuiterie dysfonctionnelle

     


     

    • Psychopathologie

     

    • Théorie comportementale

     

    Souligne 2 phénomènes importants :

    • Si la cause des TOC est inconnue, le maintien du trouble s’expliquer par un mécanisme d’apprentissage : si la personne fait un rituel qui apaise momentanément l’anxiété, ou qu’elle évite une situation déclencheuse d’obsessions, elle renforce l’obsession/ ainsi, l’apaisement de l’obsession par le rituel ou l’évitement conduit finalement à augmenter le rituel
    • Le rituel empêche la confrontation de l’individu aux obsessions. Ainsi, le rituel empêche l’individu de s’habituer à l’obsession. Au contraire, s’il affronte cette obsession pénible sans faire de rituel, l’obsession va perdre progressivement de sa fréquence, de son intensité et de sa charge anxieuse

    ⇒ Cette théorie a permis de mettre au point la psychothérapie comportementale par exposition graduée avec prévention de la réponse

     


     

    • Prise en charge

     

    Les bases de la prise en charge sont :

    • Les médicaments : les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine

    Antidépresseurs tricycliques

    Clomipramine ANAFRANIL®

    Effets indésirables : Sécheresse de bouche, vertiges, tremblements des mains, somnolence, constipation, fatigue, nausées, sueurs, maux de tête, troubles de l’accommodation visuelle

    Antidépresseurs sérotoninergiques Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine

     

    Paroxetine DEROXAT®

    Fluvoxamine FLOXYFRAL®

    Fluoxétine PROZAC®

    Sertraline ZOLOFT®

    Effets indésirables : nausées, diarrhée, baisse de la libido, insomnie, somnolence, sécheresse de bouche, nervosité, fatigue, maux de tête, tremblements, baisse de l’appétit

     

    • Les psychothérapies: d’orientation comportementale et cognitive

     

    Exposition graduée aux situations obsédantes :

    1 : affronter progressivement les situations qui déclenchent les obsessions et les rituels

    2 : diminuer progressivement les rituels

    • Baisser la fréquence du rituel
    • Diminuer la complexité du rituel
    • Ne pas faire de rituel

    3 : lutter contre les évitements

     

    ⇒ En cas d’exposition prolongée à une situation insupportable, l’anxiété finit toujours par baisser

     

    En cas d’exposition répétée :

    • L’anxiété finit par être de moins en moins intense
    • L’anxiété dure de moins en moins longtemps

     

    • L’éducation thérapeutique du patient (ETP) ou la psychoéducation pour amener la personne à s’auto-évaluer et à s’auto-réguler

     

    • L’accompagnement de la famille et de l’entourage: apprendre à ne pas renforcer les rituels

     

    • La stimulation cérébrale profonde: uniquement en cas de TOC très sévères et très invalidants, après avoir épuisé toutes les approches précédentes. Implantation stéréotaxique dans les noyaux sub-thalamiques